Macron & YouTube
Un an avant les élections présidentielles, Emmanuel Macron racontait en vidéo des anecdotes invraisemblables aux côté des deux célèbres YouTubers McFly et Carlito. Que peut-on apprendre de cette démarche sur la communication ?
La vidéo complète ici
Parler aux jeunes ?
On pourrait de prime abord s’imaginer que la plateforme américaine est un excellent moyen de s’adresser aux jeunes générations.
Les 18 - 24 ans sont en effet ceux qui passent le plus de temps sur YouTube avec pas moins de 50 minutes par jour.
Ce n’est pourtant pas la tranche la plus représentée sur la plateforme.
Les 18 - 24 ans ne représentaient que 20% de l’audience YouTube en 2019 alors que les 25 - 49 ans sont majoritaires avec leur 52% de présence sur YouTube.
Mais en ciblant particulièrement la chaîne de McFly et Carlito, les équipes du président savent qu’ils s’adressent bien à la jeune génération.
C’est elle qui consomme avidement chaque dimanche les nouvelles vidéos de McFly et Carlito.s
En 2020, ils avaient provoqué une marée humaine à Épinal en annonçant qu’ils viendraient sur place pour rencontrer leurs abonnés après une tournée de cadeau dans la région.
⬇️ À partir de la 14ème minute ⬇️
2. Sympathie et sincérité
J’y reviens encore une fois, mais ce jeu des anecdotes est un excellent moyen pour le président de s’assurer la sympathie de son auditoire.
En apparaissant aux côtés de McFly et Carlito, le président passe automatiquement pour quelqu’un d’accessible qui est proche de nous.
YouTube, contrairement à un mass media comme la télévision abolit les distances et casse l’aspect trop éthéré et calculé de la communication politique. On a l’impression quand on regarde ce programme que tout est spontané et qu’on a l’occasion de voir le président d’une manière inédite.
De plus, comme il est le seul politique à avoir fait - ou a avoir su créer l’opportunité de faire - ce genre de programme, il se dégage de lui une sorte de fraîcheur présidentielle. Tout d’un coup parce qu’il participe à un exercice informel, où se mélange vraies histoires incroyables et stratégie pour gagner, le président nous apparaît sincère et sympathique.
3. Les coulisses du pouvoir
Le dernier aspect qui peut nous fasciner c’est de découvrir ce qui se passe dans les coulisses du pouvoir présidentiel.
On fantasme tous sur ce qui se joue dans les discussions entre hommes de pouvoir.
On aimerait tous savoir ce qui se dit entre deux présidents d’états puissants.
On rêve de savoir si tel ou tel président est vraiment aussi brillant ou au contraire aussi niais que ce que nous en donne à voir la presse.
Et cet exercice génial nous ouvre des perspectives de réponses à ce fantasme.
On clique sur la vidéo en se disant que potentiellement on pourra avoir une info inédite qui se cache dans les coulisses. Mais l’exercice joue sur le bluff de notre président… Les informations révélées pourraient être inventées.
Aucune importance, on sera heureux de découvrir le petit côté stratège du président et on jugera s’il sait ou non bien mentir.
Là encore, s’il ment mal, on pourra être rassurer de se dire qu’il n’est peut-être pas aussi malhonnête qu’il nous semblait et s’il ment bien, on trouvera qu’il s’est bien débrouillé pour coincé les deux compères experts de ce jeu.
C’est donc un jeu dans lequel il est presque impossible pour le président de perdre.
Quoi qu’il fasse, il nous paraîtra sympathique.
4. Comment s’en inspirer ?
Bien sûr, vous n’êtes pas Mc Fly et Carlito et bien sûr personne n’attend de vous que vous puissiez créer un programme aussi dingue.
Mais vous devez toujours vous demander quand vous faites une interview : “Comment vais-je rendre cette personne sympathique ?”.
Les anecdotes sont un excellent moyen pour les gens de se familiariser avec quelqu’un.
Demain, n’hésitez pas quand vous préparez votre interview à demander à votre interlocuteur de vous raconter un souvenir drôle qui est en lien avec ce que vous lui demandez.
Mieux, préparez votre interview au point de l’appeler avant le jour du tournage pour lui demander de penser à une anecdote, invitez le à y réfléchir et travaillez avec lui la meilleure manière de la raconter.
Le jour du tournage, soyez curieux, demandez des détails.
Pour moi une bonne anecdote se raconte en trois points :
Un fait
Une émotion
Un apprentissage
Il m’est arrivé quelque chose, j’ai ressenti une émotion et j’ai appris quelque chose d’important après cette expérience.
Partez de votre thématique qui sera le troisième point et invitez votre interlocuteur à se rappeler d’un moment où il a appris un point clé de cette thématique et à vous la raconter.
3 erreurs courantes en vidéo de communication
Une des principales raisons qui me fait reculer la tête de mon écran quand je regarde une vidéo c’est souvent ce moment où je me dis :
Quand je tombe sur des vidéos de communication, je les regarde avant tout comme un spectateur lambda, mais des erreurs courantes me font sortir de ces vidéos, il en va nécessairement de même pour n’importe quel spectateur. Voyons ici 3 erreurs classiques qui font que des vidéos n’atteindront pas leur objectifs.
1 - Vouloir trop en dire
Une des principales raisons qui me fait reculer la tête de mon écran quand je regarde une vidéo c’est souvent ce moment où je me dis :
“Là vous m’avez perdu.”
Et c’est souvent un moment où la vidéo va se perdre dans des informations secondaires ou annexes qui ne concernent pas le cœur du sujet.
Un réflexe récurrent dans la communication vidéo, c’est d’avoir peur d’oublier des infos, de vouloir à tout prix que la vidéo en dise le plus possible.
Le pire c’est quand on essaie de tenir ce trop plein d’informations dans un timing très serré (moins de 2min par exemple).
On se retrouve alors avec une avalanche d’informations qui perdent le spectateur et lui font quitter la vidéo.
Il ne faut pas oublier que la vidéo est diffusée dans un contexte, vous avez tout le loisir aujourd’hui de renvoyer le spectateur vers une page de votre site qui complètera les informations moins importantes comme les horaires, un plan, un programme complet etc…
Trop d’infos tuent l’info et devient contre productive pour votre spectateur.
2 - Commencer par une définition
Si vous devez créer une vidéo pour inviter à un pèlerinage par exemple, il serait tentant de commencer par une définition :
“Un pèlerinage, c’est un voyage dans un esprit de dévotion et c’est précisément ce que nous vous proposons aujourd’hui…”
Sur le papier ça fait une jolie introduction, mais un démarrage trop pompeux pour votre audience qui attend de vous que vous alliez au droit au but.
Si vous voulez commencer par une définition, démarrez par la destination de ce pèlerinage et mettez là en lien avec l’objectif de votre pèlerinage :
“Lourdes, c’est le lieu de la guérison, pas nécessairement une guérison physique et c’est justement ce que nous vous proposons avec ce pèlerinage…”
L’idée c’est de démarrer avec l’objectif principal de l’évènement que vous valorisez.
Nous avons besoin, pour nous mettre en route de raisons fortes et évidentes. Si vous êtes capable de dire à votre spectateur pourquoi il est capital pour lui de faire cette excursion avec vous, il n’hésitera pas une seconde à cliquer sur le bouton s’inscrire.
3 - Viser plusieurs cibles
Souvent l’investissement que demande la création d’une vidéo, en temps, en moyen financier et en énergie pousse les commanditaires à vouloir toucher un public large.
Pour présenter votre institution, vous devez choisir si vous vous adressez à vos donateurs, vos bénévoles ou aux bénéficiaires de l’association.
Lorsqu’on fait une vidéo institutionnelle qui présente ce que l’on fait, elle va naturellement parler à ces différentes cibles, mais lorsque vous allez vouloir impliquer votre audience, vous devrez impérativement faire un choix.
C’est souvent au moment du Call To Action que cela prend forme.
Quand, à la fin de la vidéo, vous allez invité votre audience à agir après avoir entendu votre message.
A ce moment là, vous ne pourrez pas avoir un carton qui :
Invite à rejoindre l’association
Invite à devenir bénévole
Demande des fonds
Quand je travaille avec des commanditaires, mes deux premières questions sont :
Quelle est votre public cible ?
Que voulez vous que ce public fasse après avoir vu la vidéo ?
Il est fondamental de choisir une cible bien précise si vous souhaitez que votre vidéo atteigne vos objectif.
Viser tout le monde, c’est en réalité ne viser personne.
Si vous souhaitez aller plus loin,
j’ai créé une formation en 5H pour apprendre comment créer des contenus vidéos.
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Une écriture pour les surprendre
Tout commence par une idée.
Quand on se lance dans l’écriture d’une vidéo, on ne sait pas toujours comment démarrer.
Un sujet peut être traité sous plusieurs angle très différents.
Parmi les vidéos que j’ai eu la chance de réaliser, figure ce clip :
1- Une approche simple et une thématique universelle
L’approche retenue ici est clairement de surprendre le spectateur en prenant un parti pris fort et audacieux de ne pas parler frontalement de la trisomie.
Pour ça, on commence par chercher un angle sous lequel traiter le sujet de la trisomie, on cherche un message simple sur une thématique universelle.
Ici le : “ Trisomie = différence ”.
On décide alors de raconter comment cette différence s’incarne dans une histoire concrète, on cherche à la rendre évidente et concrète.
Typiquement, on fait souvent l’erreur de donner une notion globale avec des gros chiffres pour alerter. Par exemple : 80% des enfants trisomiques se sentent différents et ont déjà souffert de ça dans le cadre scolaire.
2- Vous êtes le héros…
Pour cela, on se met à la place du spectateur en faisant de lui le héros.
Le spectateur standard se reconnaît dans les traits du jeune garçon au début de la vidéo.
Les premiers mots font comprendre qu’il a une particularité : “Je sais que je suis différent”.
Le texte est clair, va droit à l’essentiel sur la thématique que l’on traite : La différence.
Au fur et à mesure de la vidéo, on adopte le point de vue du jeune garçon, sa différence l’isole du reste des élèves.
3- … d’une réalité inversée
Au 2/3 de la vidéo, on révèle au spectateur le contexte dans lequel évolue le jeune garçon.
Le monde “normal” est en réalité constitué de personnes porteuses de trisomie 21. Il est le seul à ne pas être trisomique.
Naturellement, le spectateur à passé son temps à imaginer que la différence en question était probablement liée à une maladie invisible et il ne s’attend pas à ce que la réalité imaginée soit celle-ci.
La fin de la vidéo agit donc comme un uppercut pour le spectateur.
Le « différent » c’est donc le spectateur. Il s’attend à éprouver de l’empathie pour d’autres et il finit par se retrouver lui-même au cœur du sujet.
Cette vidéo c’est le fruit d’un travail d’équipe et d’une grande confiance avec le commanditaire.
Une très belle collaboration que j’aime revoir chaque 21 mars.
La série d’Emmanuel Macron
Le président-candidat apporte une innovation dans la campagne électorale 2022 et nous montre qu’il maîtrise pleinement les codes et les langages du web.
1- Planter le décor
La vidéo démarre sur un plan à l’intérieur de l’Élysée.
Dès le premier plan, nous franchissons le perron, ligne de séparation entre le commun des mortels et l’Etat exerçant le pouvoir.
Le deuxième plan nous montre Emmanuel Macron montant un escalier accompagné de son chien.
Cette séquence extrêmement simple donne du président une image très sympathique.
Si François Hollande avait maladroitement cherché à incarner la figure d’un « président normal », Emmanuel Macron réussit à incarner la vie normale d’un président en exercice, le tout, en un plan.
La promesse de la vidéo c’est donc de nous montrer en toute transparence le président en exercice dans son quotidien.
Ces premiers plans nous mettent en état de curiosité pour la suite.
2- Une mise en scène invisible
Le choix du lieu n’est pas anodin, il s’agit du bureau du président. Il n’est pas sorti de son contexte de travail, il est assis en train de travailler, et, d’une certaine manière, on a le sentiment que la caméra vient l’interrompre dans son élan. Il se met en pause pour nous, il se rend disponible. Tout cela est implicite mais fonctionne parfaitement bien et nous dispose à être peut-être plus attentif encore à ce qui va être dit car tout paraît informel.
La caméra est tenue à la main. Elle tremble par moment. Emmanuel Macron ne la regarde pas, comme si elle n’était pas là.
Toute la séquence semble avoir été prise sur le vif, c’est un instantané de la vie du président. Par le regard d’Emmanuel Macron on devine la présence du cadreur. Le ton donné est sous la forme d’une confidence glanée presque par hasard. On est presque gêné d’assister à ce qui semble être l’intime d’Emmanuel Macron, un moment de travail intense. On est privilégié, honoré d’être là dans son bureau et on est parfaitement disponible à recevoir un message qui se veut sincère, franc, non écrit, non calculé.
Mais ne nous y trompons pas, il s’agit d’une mise en scène savamment orchestrée et brillamment incarnée.
Le format de la vidéo ne laisse rien au hasard. La vidéo est cadrée en format 2:35, les barres noires en haut et en bas nous le prouvent. C’est un format que l’on utilise volontiers pour la fiction, au cinéma. Il donne à la vidéo une esthétique particulière et très travaillée.
De même, le choix de la caméra et des optiques ne laisse rien au hasard.
La faible profondeur de champs nous pousse encore dans la fiction, dans une esthétique qui valorise celui qui parle.
Enfin, le cadre joue en la faveur d’Emmanuel Macron : il est filmé en légère contre-plongée ce qui le rend fort, puissant à nos yeux.
3- Une message très bien écrit
Le message quant à lui est très bien construit et encore une fois ne laisse rien au hasard.
Dans la première partie, Emmanuel Macron répond au Pourquoi de sa candidature.
Pourquoi maintenant ? Pourquoi un nouveau mandat ?
Le cadreur qui joue le rôle du spectateur n’a même pas besoin de lui poser cette première question tant l’intervention est bien construite et fluide dans la bouche du président-candidat.
Par la suite, on vient lui demander s’il n’a pas déjà gagné avec une question franche et directe : « Est-ce que c’est pas plié ? »
On est alors sur le Comment de sa campagne, sur l’état d’esprit du candidat.
Le président-candidat nous révèle que la campagne n’a rien d’évident. On est sur le registre de l’humilité, du rien n’est acquis. Encore une fois, on donne de la transparence pour qu’à son tour, le spectateur accorde sa confiance.
Enfin, de la pédagogie. On va expliquer ce qui a fonctionné pendant 5 ans parce que « le bien ne fait pas de bruit », ce qui marche, on n’en parle plus.
4- Un call to action limpide et évident
Enfin, le spectateur est invité à changer son regard sur celui qu’il écoute depuis quelques minutes.
« Est-ce que je peux vous appeler monsieur le candidat ? »
« Oui, bien sûr ! »
En fin de vidéo le call to action est clair, vous n’avez plus un président devant vous mais un candidat en campagne qui va, en toute transparence et sincérité vous amener à comprendre pourquoi voter pour lui.
J’ai créé une formation pour vous permettre de maîtriser les rouage d’une communication digitale qui rejoindra votre audience, et vous permettra d’être concernant pour votre cible.
Les 5 clés d’un studio vidéo réussi
Un studio vidéo clé en main
Créer un studio vidéo n’est jamais anodin et se faire accompagner dans les différentes étapes est indispensables.
Lorsque EY m’a contacté pour créer le EY Média Factory, leur vision était claire :
Créer des contenus éditoriaux différents en interne et régulièrement.
Mon expérience à TF1 m’a montré à quel point un studio dans lequel on peut recevoir des invités pouvait être une solution idéale pour créer une multitude de contenu.
Mais avant d’avancer sur les aspects techniques, il est important de bien prendre en compte les aspects éditoriaux.
1 - Penser un lieu déclinable
La solution du studio vous permettra de créer des ambiances différentes pour des thématiques d’émissions différentes.
A TF1, le studio du journal télé sert à d’autres émissions thématiques sur l’Histoire par exemple ou encore l’économie.
C’est aussi dans le studio de Téléfoot que nous tournions les émissions de Nicolas Canteloup.
Il est donc important de comprendre le studio comme une solution globale permettant de traiter plusieurs sujets avec différents axes.
Vous pourrez par exemple demain choisir d’accueillir des personnalités expertes dans un domaine pour les questionner sur un sujet précis et apporter aux spectateurs un point de vue, une approche particulière sur cette thématique.
Vous pourrez également choisir de diffuser des messages officiels à votre communauté.
Le plateau pourra également devenir un lieu de débat, où vous serez l’arbitre entre deux manières de voir les choses très différentes.
Un studio devrait vous permettre de viser tout cela et de ne pas simplement choisir l’une de ces options.
Il est donc fondamental de penser à des solutions lumières ou écrans qui permettront à votre décor d’évoluer.
Cela n’est pas simplement pour faire joli, mais surtout pour permettre à votre spectateur de savoir dans quel cadre il se situe en un clin d’œil.
2 - Se limiter pour rayonner
Une année, scolaire ou civile devrait vous permettre d’établir un plan, une vision avec une spécificité qui vous est propre.
Appropriez vous un sujet que vous traiterez à fond et ne vous éparpillez pas.
C’est en vous limitant que vous deviendrez universels et que vous rayonnerez au maximum auprès de votre audience.
Une bonne thématique peut se décliner de mille façons et encore une fois essayez d’être au plus près des besoins de votre audience.
Un thème large va définir un POURQUOI par lequel vous allez fédérer votre audience.
Devenez un expert dans une thématique en développant dans votre éditorial les COMMENT de cette thématique.
Par exemple : “ Vivre en zéro déchet ” pourrait être votre thématique d’année.
Toutes vos émissions aideront votre audience à comprendre à la fois comment le faire et quoi faire pour s’y mettre dès aujourd’hui.
Vous pourriez avoir des émissions de débats autour de la thématique “comment limiter mes déchets au quotidien” : Où faire mes courses ? - Quel emballage est le plus réutilisable ? - Contenant en verre VS autre matière etc…
Puis une autre émission de tutos autour de la récupération, pour apprendre comment réutiliser ses déchets pour en faire des objets utiles au quotidien.
Enfin des témoignages de votre communauté qui seront inspirant pour votre audience et qui montreront la réalité crue de ces engagements.
On voit que rien qu’autour d’une seule thématique simple, on peut construire aisément 3 émissions éditorialement différentes que vous pourrez décliner tout au long d’une année.
Si vous souhaitez diffuser une émission par semaine pendant 10 mois, vous aurez 14 émissions à produire de chacun de ces 3 contenus.
Et l’idée bien évidemment c’est que ça ne repose pas que sur la même équipe ce qui nous amène au point suivant
3 - S’incarner en différents visages
En déclinant votre éditorial sur plusieurs émissions, vous devrez très probablement incarner ces émissions par des personnalités auxquelles le spectateur s’attachera.
Il est très important de diversifier les visages, trois éditions ne peuvent pas être portées par la même personne.
De plus derrière chaque personne se développera une équipe qui pourra porter une partie de l’éditorial (rendez-vous avec les invités, résumé du sujet à traiter etc…)
Il est fondamental pour la personne qui sera le visage de l’émission qu’elle n’est pas là pour l’éternité.
Quand je travaillais à TF1, j’ai longtemps entendu Nikos Aliagas répéter : " À la télévision, on ne fait que passer.” C’était une formule assez claire pour dire que le métier de présentateur peut s’arrêter du jour au lendemain par nécessité ou par convenance et cela n’a rien à voir avec les qualités de celui-ci.
Toujours est-il, la visibilité de la personne concernée ne doit pas lui monter à la tête et celle-ci doit bien comprendre qu’elle est là pour servir une émission et se mettre constamment à la place du spectateur pour le prendre par la main et le guider tout au long du message qui lui est proposé.
4 - Préparer du contenu
L’atout inconstatable d’un studio c’est qu’il peut vous permettre très rapidement de mettre en boîte - comprenez enregistrer - beaucoup de contenus en peu de temps.
Il est très important de prendre conscience de cet atout et de le mettre à son avantage.
Vous pourrez ainsi travailler et écrire plusieurs contenus vidéos, prendre rendez-vous avec plusieurs invités, préparer plusieurs illustrations qui vous permettront d’enregistrer plusieurs émissions à la suite.
Cette méthode vous demander de l’anticipation et du temps de préparation mais vous permettra aussi de stocker du contenu avant de le diffuser.
A l’occasion d’un MOOC, nous avons tourné jusqu’à 20 modules de 10 minutes en 3 jours.
Ce rendement est possible si chaque personne de l’équipe sait ce qu’il a traité et que la communication fonctionne bien entre chaque membre de l’équipe.
Il ne faut jamais oublié que l’énergie demandée à travailler une émission est très conséquente et qu’en ajouté 2 ou trois autre ne multipliera jamais la charge de travail par 2 ou trois.
5 - Ouvrez votre studio
“Un studio vide coûte cher”, partez toujours de ce principe et n’hésitez pas à faire savoir que vous disposez de ce savoir faire.
Cela vous permettra de rentabiliser votre espace et votre matériel en le louant et de faire tourner vos équipes techniques sur des projets annexes dans lesquelles elles développeront leur créativité.
Lorsque j’étais à TF1, j’ai pu constater, en tant que technicien que travailler avec des équipes diverses dans des projets différents m’avait permis d’acquérir des compétences que j’ai pu ensuite mettre à disposition de chaque équipe avec laquelle je travaillais.
Pour réussir à faire tourner un studio, il sera évidemment indispensable de créer un planning précis pour savoir qui en dispose quand et combien de temps.
N’hésitez pas avant de vous lancer à aller visiter des studios, à la télévision, ou dans des entreprises.
Renseignez-vous, les personnes qui travaillent dans ces métiers là sont souvent passionnées et seront ravies de partager avec vous tout ce qu’elles font et tout ce qu’elles ont appris.
Les 4 indispensables de la création vidéo
Tout commence par une idée.
1 - La préparation
Ça paraît rien dit comme ça, mais pourtant c’est souvent sur cet aspect que repose le succès de votre vidéo.
Une vidéo, ça se prépare et le travail démarre bien avant qu’on ait enregistré la première image.
Un briefing ne suffit pas à se mettre d’accord sur ce que sera un tournage.
L’expérience m’a montré à quel point pendant la préparation, chacun a sa vision dans sa tête.
Il m’est arrivé de découvrir des éléments important le jour du tournage parce qu’on n’avait pas pris le temps d’en discuter avant.
Il est important de faire des points réguliers avant le tournage avec votre prestataire, de prévoir des temps en Visio ou de s’appeler une fois par semaine pour être sûrs qu’on est bien sur la même longueur d’onde.
Prévoyez vos appels, c’est la meilleure façon d’acquérir la disponibilité de votre prestataire.
Les points n’ont pas besoin d’être longs, 20 minutes suffisent souvent à résoudre pas mal de problèmes.
Voici quelques sujets important à évoquer avec votre prestataire :
Le lieu où on tourne est-il lumineux ? Y a-t-il de l’écho ?
Peut-on voir des photos du lieu en question ? Le visiter ?
Sur combien de lieu tourne-t-on ? Ces lieux sont-ils proches / éloigné ?
Combien de temps de préparation faut-il prévoir avant de tourner ?
Quels sont les horaires à prévoir ?
Où et quand mange-t-on ?
Qui sera présent le jour du tournage ?
A-t-on bien validé la présence de chacun ?Les personnes sont-elles bien d’accord (accord écrit) pour être filmé / diffusé ?
2 - L’écriture
Le principe est simple : écrire pour être vu et non pas pour être lu.
Votre prestataire sera certainement celui qui devra lancer le premier jet d’écriture.
Je dis souvent à mes commanditaires que c’est à moi à écrire le premier jet pour qu’on ait le bon format, la bonne structure. Le commanditaire viendra corriger mes erreurs de vocabulaire et mes manquements dans un jeu de ping pong qui ira jusqu’au tournage.
L’écriture c’est la colonne vertébrale de votre vidéo.
Une vidéo se lit avant tout sur un document écrit avant de se voir sur un écran.
Plus votre écriture sera détaillée, plus vous ouvrirez la possibilité d’ajouts improvisés.
Les meilleures scènes improvisées au cinéma reposent avant tout sur un scénario béton !
Cette étape est délicate quelque soit le format choisi (reportage, motion design, fictions etc…)
Allez-vous écrire une voix off qui soutiendra tout votre film ?
Allez-vous préparer des questions pour une interview ? Ces questions seront-elles ouvertes ou au contraire vous dirigez-vous vers une interview très formatée ?
Êtes-vous sur le point de créer une fiction avec des dialogues et des résumés d’actions ?
Dans tous les cas, votre vidéo doit pouvoir reposer sur un document écrit qui vous servira de guide lors du tournage.
Écrire des questions pour une interview vous demandera certainement au préalable d’avoir eu des informations sur la personne interviewer, voire de l’avoir eu au téléphone ou en Visio.
Si ce travail est bien fait, quelle que soit le format de la vidéo, quels que soient les moyens de production, vous vous assurez d’avoir une bonne histoire à raconter et de capter l’attention de votre audience.
Dans ce travail, votre prestataire va démarrer une première écriture puis ce sera un jeu de ping pong jusqu’à la version finale.
Il est important que le prestataire démarre ce travail car il connaît le format, les tournures de phrase pour que l’écriture soit efficace et dans un second temps, vous serez amené à corriger les mots de vocabulaire et les oublis.
Mais vous arriverez dans une écriture qui se tient, adaptée à la vidéo.
On dit souvent qu’une vidéo a trois écriture :
Au moment d’écrire la vidéo
Au moment du tournage
Au moment de la post-production
Mais même si cette écriture va et doit évoluer, si vous n’avez rien en partant tourner, il ne se passera sûrement rien en prod et en post-prod.
Une fois l’écriture terminée, on écrit ce qu’on appelle le “Plan de tournage”.
On répartit sur une ou plusieurs journée ce qui est à tourner en fonction des lieux et des personnes mobilisées.
L’idée étant de mobiliser les gens le moins de temps possible et d’être efficace sur les lieux de tournage.
J’ai créé une formation qui vous explique comment écrire une bonne vidéo en partant de rien.
3 - La production
Lors de cette troisième étape, vous allez commencé à entrer dans le concret.
C’est le tournage ou bien la la conception graphique.
Vous allez commencé à voir à quoi ça va ressembler.
Cette étape est décisive car il ne faut rien oublier.
Une journée de tournage est souvent complexe à mettre en place, on peut être amené à réunir pas mal de monde sur un tournage :
Réalisateur
Comédiens
Preneur de son
Chef opérateur (lumière / cadrage)
Équipe logistique
Client
Personnes à interviewer
Matériel
etc…
Tous ces postes ne sont pas systématiques mais il est important de bien anticiper qui doit être présent car on ne peut pas toujours réunir facilement toutes les personnes.
Une chose est essentielle dans un tournage :
Tout ce qui est écrit est tourné, ce qui n’est pas écrit n’est pas tourné.
Il m’est déjà arrivé d’avoir échangé pendant plusieurs semaines sur un script avec un commanditaire et que celui se rende compte en post production que toute une partie de la vidéo manquait.
Elle n’avait pas été écrite et donc elle n’avait pas été tournée.
Là encore, si l’on passe du temps à écrire, c’est pour ne pas avoir à se poser de question le jour du tournage.
On s’en tient au “Plan de tournage”. On sait ce qui doit être tourné, où et à quelle heure.
Lors du tournage on est parfois amené à adapter l’écriture, on ne tourne donc pas tête dans le guidon, mais bien en étant conscient de ce qu’on fait, on reste ouvert aux idées, aux propositions qui peuvent enrichir le film.
4 - La post-production
Cette dernière étape avant la livraison de la vidéo est fondamentale car elle va permettre la construction du film.
C’est là qu’on va donner le rythme, peut-être intervertir des séquences pour amener plus de densité au propos.
C’est aussi là qu’on va choisir de mettre de côté des séquences qui auront été écrites mais qui ne méritent pas finalement de figurer dans la narration.
C’est une troisième écriture, la dernière.
Lors de cette étape, on va travailler, comme pour l’écriture sous forme d’aller-retour.
La première version c’est une version de travail, elle pose les grandes lignes, donne un aperçu du rythme. C’est une version qui donne le contenu du film.
Cette première version, c’est peut-être un enchaînement des différentes interviews sans illustrations.
Elle doit vous permettre de vous projeter sur le propos du film, tout en imaginant que les prochaines versions apporteront plus de rythme et des informations complémentaires avec les illustrations.
Je dis souvent qu’on peut avoir jusqu’à 3 niveaux de lectures dans une vidéo :
1- Les interviews
2 - Les illustrations
3 - Du texte animé par dessus les illustrations
Il est donc fondamental de bien doser ces informations pour qu’elles ne soient pas redondantes.
On dit souvent qu’on montre ce qu’on ne dit pas et qu’on dit ce qu’on ne montre pas.
Vous comprenez dès lors comment des séquences d’interviews peuvent être balayées par une illustration judicieusement choisie.
La bonne gestion des allers-retours dans cette dernière étape est primordiale.
Après avoir tranché sur l’aspect éditorial, sur le contenu, on ajoute les illustrations qui donneront le rythme.
En tant que prestataire, je compte souvent sur le commanditaire pour être capable de trancher, de dire ce qu’il faut ou non garder à partir de cette étape.
En tant que prestataire, on attend du commanditaire une direction claire, des choix assumés qui permettront une bonne efficacité jusqu’à la livraison du film.
Ce que Jean-Pierre Pernaut m’a appris
Tout commence par une idée.
Abaca Press / Alamy Stock Photo
J’ai eu la chance de travailler pendant 10 ans sur le 13H de TF1 et donc de côtoyer Jean-Pierre Pernaut.
En décembre 2009, alors que le journal parlait de la neige qui recouvrait la France, j’ai proposé un peu sur le ton de la blague de lancer une boule de neige sur Jean-Pierre Pernaut à la fin de son journal.
C’est d’un pouce levé en l’air qu’il a accepté cette idée loufoque montrant que la qualité de son travail ne l’empêchait pas d’être profondément humain et qu’il ne se prenait pas au sérieux.
1- Mass media VS media communautaire
Si j’aime raconter cette anecdote, ce n’est pas simplement par fierté d’avoir lancé des boules de neiges sur Jean-Pierre Pernaut. Mais parce qu’elle m’a permis de comprendre quelque chose sur la communication.
Nous sommes en 2009. Facebook existe depuis 5 ans, YouTube a été racheté par Google depuis 3 ans.
Dans l’après-midi qui a suivi notre petite blague, un collègue a tapé les mots “Pernaut” “Neige” sur Google.
On a vu alors apparaître tout un tas de liens qui reprenaient la vidéo en question et qui la proposaient sur leur site Internet avec des accroches diverses, la palme revenant au site Voici qui avait titré : “Jean-Pierre Pernaut, sauvagement agressé à l’arme blanche à la sortie de son journal”.
Outre le fait qu’écrire un bon titre est fondamental, cette anecdote m’a permis de comprendre comment les différents sites Internet s’étaient approprié l’information, qu’ils la reprenaient en y trouvant un angle qui parlait à leur communauté.
J’ai compris ce jour là qu’il y avait une différence fondamentale entre la télévision qui est un mass-média et nos chaînes Youtube, nos réseaux sociaux, qui sont des médias communautaires.
On ne traite pas une information de la même manière sur Internet ou à la télévision.
Et il est important de bien comprendre cela lorsqu’on va être amené à créer du contenu qui va circuler sur Internet.
A la télévision, le contenu est descendant. Vous ne pouvait pas interagir avec ce que vous voyez. Au contraire, un contenu web va vous inviter à réagir et votre réaction va être une source d’inspiration pour celui qui crée le contenu.
Sur Internet, vous savez à qui vous vous adressez, vous connaissez votre cible et vous pouvez / vous devez adapter votre contenu à cette cible pour être pertinent et efficace.
Écrire et réaliser des vidéos qui toucheront votre cible
2- Le spectateur au centre
Jean-Pierre Pernaut disait souvent à propos de son journal : “Moins on me voit meilleur est le journal”.
Il avait compris que la qualité de son JT n’était pas sa présence, mais bien son contenu.
Il a toujours travaillé à ce que le contenu du journal soit au service de ceux qui le regardaient.
Il ne cherchait donc pas à être une star de la télévision mais bien à être au service de son audience.
Cette petite phrase exprime toute la vision qu’avait Jean-Pierre Pernaut pour son journal. S’effacer pour mieux laisser le spectateur s’approprier le contenu.
Les questions que nous invite à nous poser Jean-Pierre Pernaut à travers cette phrase est la suivante :
“ Pourquoi ce sujet va-t-il intéresser ma cible ?”
Cette première question vous aidera à trouver un bon angle pour votre sujet.
“ Comment puis-je me mettre au service de cette façon de voir les choses ? ”
Cette seconde question vous aidera à construire votre propos, écrire vos questions et à donner une direction de votre sujet.
Le journal de 13H de TF1 imaginé par Jean-Pierre Pernaut est le parfait exemple d’un journal sincère, incarné par un personnage sympathique et transparent.
On me demande souvent si Jean-Pierre Pernaut était aussi sympa en vrai qu’à la télé.
La réponse est évidemment oui.
A vous maintenant de créer du contenu qui pourra répondre en toute transparence aux problématiques de votre audience, de vous y intéresser avec une grande sincérité et de le traiter avec sympathie.
3 mots qui résume cette vision et que vous devez avoir en tête au moment d’écrire votre contenu :
Transparence - Sincérité - Sympathie